Si la dynastie Harvey trône au coeur du ski de fond québécois, et fait résonner sa mémoire depuis les exploits de Pierre jusqu’aux succès récents d’Alex, une autre famille scintille depuis quelques décennies sur les terres du Mont Sainte-Anne: les Vézina.
Jocelyn Vézina fut membre de l’équipe canadienne aux côtés de Pierre Harvey et d’Yves Bilodeau (actuellement technicien en chef de l’équipe canadienne de ski de fond) dans les années 80. Sa fille, Frédérique, âgée de vingt ans, fait déjà honneur à son nom.
Tout comme Alex Harvey, elle grandit à quelques 200 mètres des sentiers de ski de fond du Mont Sainte-Anne. Habitée d’une énergie débordante, elle décida de joindre promptement la troupe de ski du Club Nordique MSA. Ce choix l’empêcha toutefois de poursuivre les courses et l’entraînement en kayak.
«Le ski offre une grande diversité et un mode de vie qui m’attiraient davantage», confie Vézina lors d’une conversation téléphonique depuis la maison familiale à Saint-Ferréol-Les-Neiges. «Lorsque l’été arrive, je peux pratiquer différents sports, comme la course à pied, le vélo et même le triathlon. Ce sont toutes d’excellentes façons de me préparer pour la saison de ski de fond.»
Malgré son retrait des courses de kayak à seize ans, elle tire encore aujourd’hui les bienfaits de ce sport centré sur le développement de la force musculaire au niveau du haut du corps. «Je suis relativement plus forte en ski grâce à mes années d’entraînement en kayak. Mais je suis incapable de suivre mes anciennes coéquipières sur l’eau aujourd’hui!».
Actuellement membre de l’équipe canadienne junior de ski de fond, Vézina jette un regard ambivalent sur sa saison dernière. Une saison «longue, mais tout de même satisfaisante», admet-elle. Sa régularité – avec une troisième puis une deuxième place, et une victoire en clôture des Championnats canadiens juniors- lui permit de participer aux Championnats du Monde Junior FIS 2014 à Val di Fiemme, en Italie.
En prise avec des problèmes de fartage, elle glissa à la trentième position lors du skiathlon. Ses déboires en sol italien furent vite oubliés une semaine plus tard à Ramsau, en Autriche, lors d’une course continentale FIS.
«La saison dernière, je suis restée deux mois complets en Europe, loin de chez moi. J’ai eu mon lot de difficultés en Italie, avec des skis lents. Je me suis rattrapée en montant sur le podium [sur la deuxième marche] à Ramsau, dans l’épreuve du 7.5 km style libre. J’étais tellement surprise!»
Elle affectionne particulièrement les épreuves de distance, notamment le skiathlon. Sa «bête noire» demeure les sprints. «Je crois bien avoir plus de fibres à contraction lente. Je suis taillée dans le frame de mon père!»
En guise de préparation estivale en vue de la prochaine saison, Vézina a concentré ses efforts sur la vitesse et sur l’entraînement en anaérobie. Elle en est à sa cinquième saison au Centre National d’Entraînement Pierre Harvey (CNEPH). Un camp d’entraînement en altitude a brisé la monotonie en octobre dernier, alors qu’elle a retrouvé l’équipe canadienne à Park City, au Utah.
Cette année, Vézina a les Championnats du Monde U23 à Almaty, au Kazakhstan, en point de mire. Elle vise une position parmi les vingt premières.
Interrogée sur son rêve de représenter le Canada aux Jeux Olympiques dans un avenir rapproché, la principale intéressée hésite un moment.
«Je ne suis pas vraiment du genre à rêver. Bien sûr que j’aimerais participer aux JO, mais pas à n’importe quel prix. Si j’y vais, je ne veux pas tenir le rôle de figurante, je veux performer. En fait, je rêve plutôt d’être la prochaine Beckie Scott. Malgré le manque de programmes d’aide aux athlètes à son époque, elle est devenue une skieuse exceptionnelle et une femme exemplaire. Si elle y est parvenue, pourquoi ne pourrais-je pas en faire autant?»
Vézina a récemment terminé ses études collégiales et aimerais entreprendre des études en médecine sportive.